INTERVIEW BOB ISO
Cet artiste qui se cache derrière ses lunettes noires et sa barbe blanche, qui cache elle même une large expérience musicale, c’est Bob Iso, un baroudeur multi-instrumentiste qui parcourt le monde en proposant un concept alliant à la fois jazz et electro. Le point commun des diverses influences qui caractérise sa musique ? son instrument fétiche: la trompette, qu’il n’a jamais quitté depuis l’enfance, et qu’il continue d’emmener au gré des concerts.
Originaire du sud de la France, Bob nous parle de la naissance de son concept, et du cheminement qui le conduit aujourd’hui à préparer son album de compositions personnelles.
L’agence M8TE est ravie de pouvoir vous le présenter aujourd’hui et de le proposer en catalogue pour tous vos événements.
M8TE▸ Bonjour Bob. Qui es-tu, peux tu te présenter et nous parler de ton concept ?
Bob Iso – Bonjour M8TE !
Je suis musicien. Je vis en Provence. C’est une région que j’affectionne tout particulièrement. J’habite en pleine nature dans une vielle maison que nous avons retapé ce qui est très pratique en étant musicien car je peux jouer quand bon me semble sans craindre les plaintes de voisins! C’est vraiment un luxe 😉
La musique est une part essentielle de ma vie. Elle est partout, tout le temps. Aussi bien dans mes oreilles que dans ma tête.
Concernant le concept, il s’agit d’un répertoire dans un esprit électro-jazz. C’est toutefois quelque chose d’assez innovant :
Il s’agit de compositions originales, souvent inspirées de mes pérégrinations dans lesquelles je mélange les sons « électro » des machines avec ceux des instruments « classiques ».
Je conçois ça comme un carnet de voyages. J’aime à emmener les gens dans cette parenthèse hors du temps.
Tout le monde peut y trouver son compte. C’est une musique dans laquelle sont présents tous les codes des musiques actuelles associés à l’ambiance « jazz », avec les structures et plages d’improvisations qui lui sont propres.
Le concept est d’une grande modularité. Je peux me produire seul mais également en duo avec un pianiste, en duo avec un batteur/percussionniste, en trio avec un pianiste et un batteur. L’ajout d’un autre cuivre sur chacune des formules proposées est également possible.
Je travaille avec des musiciens que je connais depuis maintenant plusieurs années. Ils me font confiance et lorsque je les sollicite, ils sont capables de s’adapter à toutes les situations. Au départ j’avais pensé que ce climat conviendrait principalement pour des « Before ». C’est effectivement le cas mais pas seulement. Nous avons pu nous produire lors de plusieurs festivals, en France, Italie et Amérique Latine ainsi que pour des cocktails plus « classiques », des brunchs, des soirées privées, pour des sociétés. Il y a eu aussi des prestations plus atypiques comme lors de rassemblements «expédition nature » sur le toit d’un camion conçu pour les raids en Afrique ou encore sur un catamaran. Tous les contextes peuvent donc être envisagés
▸ Ta bio raconte que tu étais « attiré par les cuivres et le jazz à 8ans, ce qui t’a amené à jouer de la trompette à partir de 9ans. Quel était le contexte pour qu’un petit garçon d’’une part, écoute du jazz, puis en soit tellement épris qu’il décide de se lancer à en jouer ?
Tout ça reste pour moi un grand mystère !
A la maison il y avait très peu de musique, juste la radio (RMC pour ne pas la citer) pendant les repas !!!
La fille des voisins avait commencé le piano et mes parents ont proposé de m’inscrire à l’école de musique et d’y choisir un futur instrument. Là, d’aussi loin que je me souvienne, c’était une évidence, ce serait un cuivre….mais pourquoi ?
En me posant la question bien des années plus tard j’ai pensé aux séries télé de l’époque, des films policiers dont les musiques étaient composées par Lalo Schifrin, Elmer Bernstein, Quincy Jones, Patrick Williams …..Mais pourquoi ces musiques là ? Aucune idée mais j’en suis très heureux ! Je me souviens que la nuit, quand c’était la saison des festivals de jazz, j’écoutais en cachette, sur une petite radio portable avec écouteurs, les festivals de jazz de Juan-Les-Pins ou de Nice.
J’ai très probablement entendu des monuments comme John Coltrane, Dizzy Gillespie et bien d’autres. Je ne comprenais rien ou pas grand-chose à leur musique mais je me disais qu’il fallait que j’écoute ça, sinon j’allais passer à côté de quelque chose d’important. A côté de ça, mon prof de trompette partait du principe qu’un musicien qui faisait du jazz, c’est parce qu’il n’avait pas réussi à bien jouer du classique !!!! Il a fallu longtemps lutter et vraiment y croire !
▸ Tu n’es passé professionnel qu’en 1996. Qu’est-ce qui s’est passé entre temps ? Comment t’es-tu développé et fait connaitre ?
A 16 ans il y a eu un choix à faire : continuer les études dans un cursus traditionnel ou bien m’orienter pleinement vers la musique. Mes parents ne voyaient pas vraiment d’un bon œil la deuxième possibilité et m’ont très vite «convaincu» de poursuivre mes études. Je me suis retrouvé en internat à Marseille et n’ai donc plus vraiment eu de temps pour la musique.
Après ça j’ai eu un parcours professionnel très intense et enrichissant dans l’industrie.
J’avais un très bon poste, mon travail me plaisait mais ce n’était définitivement pas ce que je me voyais faire le reste de ma vie.
Dans ma tête j’étais toujours resté musicien. J’ai donc pris une toute autre direction que celle qui m’était tracée. A part ma femme qui m’a toujours soutenu, tout mon entourage, (peut-être à juste titre) pensait que c’était une folie.
▸ Tu t’es produit dans diverses formations musicales, dans divers styles musicaux. Peux-tu nous dire quelles étaient tes expériences préférées dans ta carrière, celles qui ont eu le plus d’impact pour la suite ?
J’ai d’abord fait du jazz en petites formations (Trios, quartets, quintets). Par la suite je suis passé à la variété en intégrant plusieurs orchestres. Je ne vais pas te cacher qu’au départ c’était surtout pour assurer le côté alimentaire. En orchestre de variétés, il y a pas mal de travail tout au long de l’année ce qui est quand même assez rassurant. Au fil des tournées j’ai beaucoup appris. Ça m’a permis d’aborder de nombreux styles de musique. Il faut être réactif et endurant. C’est vraiment une très bonne école. Toutefois il est certain que sur 4 ou 5 heures de répertoire rares sont les morceaux qui comblent les attentes de chacun des musiciens.
Par exemple, j’ai adoré jouer du funk, beaucoup moins du musette !
Les tournées m’ont également permis de rencontrer de supers musiciens dont certains sont restés des amis comme Christian ALONZO (aux claviers) et Loris CHIQUER (Batteur/Percussionniste) que l’on retrouve régulièrement à mes côtés, et avec qui je continue de jouer. Dans les conditions de tournées, quand tu passes par jour plus d’heures sur scène que dans un lit, les personnalités sont très vite mises à jour ! On se rend compte que le côté humain est encore plus important que le niveau musical. J’ai également rencontré de très bons musiciens … que je me suis efforcé d’oublier !
J’ai eu l’occasion de faire quelques enregistrements studio. C’est aussi très enrichissant car ça demande beaucoup de justesse, de concentration. En gros ça implique la recherche d’un jeu et une écoute d’une grande précision.
En règle générale, toutes les expériences que j’ai pu avoir et toutes les rencontres que j’ai pu faire m’ont été bénéfiques.
▸ Lû Ban est un projet « Pop-Jazz » que tu as initié. Peux-tu nous en dire plus sur ce trio ?
C’était une formation que j’avais montée il y a maintenant quelques années. L’idée était de reprendre des morceaux connus et de les « jazzifier ». Il s’agissait d’un trio avec clavier, basse/contrebasse et moi à la trompette et au bugle (ndlr: une sorte de petite trompette aux caractéristiques plus douces). L’idée était de faire connaître le jazz sous une forme plus abordable à un public qui aurait pu avoir quelques réticences à en écouter. Les aprioris sont encore assez tenaces sur cette musique.
Ce fut une expérience intéressante qui a durée quelques années. Le concept fonctionnait très bien à l’époque mais je n’ai pas vraiment pu développer cette formule car je tournais essentiellement en orchestre de variétés, ce qui prenait une très grande partie de mon temps. C’était également le cas des autres membres du trio. Il était très compliqué de combiner les plannings et de trouver des dates dans ces conditions. Nous avons essentiellement joué dans le Sud Est pour des mariages, des soirées privées … puis j’ai voulu passer à autre chose et mis la priorité sur la création de ma propre musique.
▸ Tu as un parcours 100% musicien ou tu as fait autre chose également à côté ? Comment t’es tu dit « je vais vivre de ce métier et de mon art » ?
Depuis que je suis revenu à la musique, c’est un travail à temps complet.
Je crois qu’un musicien n’est jamais vraiment au repos. La musique est toujours présente. Quand je ne joue pas, j’écoute ou je pense à des phrases, des sons, des ambiances.
Ainsi, il m’arrive d’être sur la route, j’ai une idée de mélodie, de ligne de basse, de rythme…,il est alors assez fréquent que je m’arrête pour enregistrer ça dans mon téléphone afin de ne rien perdre.
Après, savoir si l’on va réussir à vivre de la musique n’est pas la première question que l’on doit se poser sinon on arrête de suite !
▸ Tu as aussi un profil plus technique, d’ingénieur son, arrangeur, compositeur … quelle formation technique as tu faite ?
Je n’ai pas de formation « technique » sur le son, l’arrangement, la composition. Ça c’est fait petit à petit en étant confronté aux besoins que j’avais pour créer. J’ai quelques amis très compétents dans ces différents domaines qui ne sont jamais avares de conseils, ce qui m’a beaucoup aidé. J’ai travaillé pour quelques groupes locaux (Rock, Hip Hop…) mais j’ai surtout fait des arrangements pour les sections cuivres d’orchestres de variétés.
▸ Quels sont les instruments dont tu joues ? As-tu fait une formation spécifique pour certains (solfèges ou autres cours) ou as-tu appris toi même en autodidacte ?
Je joue de la trompette, du bugle, du clavier et de quelques « accessoires » comme du mélodica, des petites percussions…
A part la trompette et le solfège que j’ai appris à l’école de musique, le reste est venu petit à petit, en tâtonnant, en essayant de comprendre par exemple la construction des accords, l’harmonie…Il faut garder à l’esprit que la musique commence avant tout dans les oreilles.
Après, comme disait Boris Vian : « la musique, c’est le bon doigt, au bon endroit, au bon moment » !
J’ai fait un peu de sax et j’ai pour projet d’intégrer de la flûte traversière dans certaines de mes compositions. J’écris également des textes. Je ne les chante pas mais les récite… c’est plutôt dans l’idée de Lavilliers qui racontait ses voyages. C’est un peu ce que je cherche à faire avec certains de mes morceaux.
▸ Tu as un concept davantage axé « artistique » avec du live panting, en collaboration avec Jean-Marc Calvet. Peux-tu nous en parler ? Comment s’est faite la rencontre ?
J’ai rencontré Jean Marc Calvet en allant jouer dans un festival au Costa Rica, Le « Tamarindo Art Wave Festival ». Lui-même exposait pour cette occasion. Il habitait alors encore au Nicaragua. Le courant est très vite passé. Nous nous sommes retrouvés quelques temps plus tard chez lui (au Nicaragua) à refaire le monde.
Il était prévu qu’il vienne à Nice, ville dont il était originaire, pour exposer quelques mois plus tard et il a été convenu que je jouerai lors du vernissage.
En Avril 2018 il y a eu un début de guerre civile au Nicaragua. C’est en partie ce qui l’a incité à revenir dans sa région d’origine, la côte d’azur, après plus de vingt ans là-bas. C’est cette nouvelle proximité géographique qui nous a permis cette collaboration artistique.
Depuis nous sommes toujours en contact et essayons de multiplier les événements ensemble. J’apprécie beaucoup son travail et j’aime à penser que c’est réciproque.
▸ Le monde et les artistes surtout s’apprêtent à revivre malgré le contexte international compliqué (covid, guerre ...). Qu’est-ce que tu préfères sur la scène, dans le contact avec les clients, la foule etc… ?
C’est pour moi assez bizarre que ce rapport entre les spectateurs et les musiciens, cette mise en lumière. Ça peut très vite (et très souvent) agir sur son égo. Pour cela il faut garder à l’esprit que nous sommes juste des catalyseurs, des passeurs d’émotions. Tout ceci doit nous échapper un peu afin de conserver un minimum d’humilité. La scène est indispensable pour donner vie à la musique. Elle nous permet de ne pas perdre ce côté «saltimbanque» pour lequel les musiciens sont fait. Nous sommes là avant tout pour le public. Notre rôle est d’apporter du plaisir aux gens. L’idée est que nous sommes là pour eux plus que eux sont là pour nous.
▸ On t'a déjà dit que tu ressemblais à Tortue Géniale dans Dragon ball ? ...tu connais ?
Je donne des cours de chant actuellement pour tous les niveaux et si j’avais un conseil à donner à quelqu’un qui voudrait faire ce métier c’est surtout le travail ,la rigueur et la passion de la musique et du chant. Et surtout, rester très humble car on apprend à tout âge et à tous niveaux !
▸ Quels sont les projets futurs, les choses que tu aimerais faire, les collaborations que tu aimerais effectuer ?
Même si actuellement c’est beaucoup moins à la mode, j’ai pour projet de sortir un album d’ici la fin de l’année.
Ce sera une façon de concrétiser mon travail de composition avec tous les musiciens et amis avec qui je travaille habituellement.
Jean Marc Calvet, mon ami peintre, expose quelques fois avec d’autres artistes dont Claude Guenard et Charlelie Couture. J’aimerais assez faire un « Music&Painting » avec les trois ensembles sur une même toile. Monter un projet avec eux sur une grosse structure scénique, gros son, mise en lumière, projection vidéo sur écran en direct….
Reste à trouver l’occasion et le lieu. Affaire à suivre !
(Propos recueillis en Mars 2022 par M8TE Agency / © M8TE)